Dans les premières années du XXIème siècle, le tueur Jason est capturé et cryogénisé. Plus de quatre-cents après, la Terre est devenue inhabitable et les hommes se sont installés dans d'autres zones du cosmos. Néanmoins, des archéologues explorent la Terre et y découvrent le corps, encore congelé, de Jason...
Jason X est le dixième volet de la série de slashers amorcée par Vendredi13 (1980) de Sean S. Cunningham. Le neuvième épisode était Jason va en enfer(1993) d'Adam Marcus : ce film avait la particularité de faire passer les aventurescriminelle de Jason du giron de la Paramount à celui de New Line, firme-mère de lasérie des Freddy (dont le dernier épisode en date est Freddy sort de la nuit(1994) de Wes Craven). La New Line envisagea alors de produire une oeuvre danslaquelle Jason et Freddy s'affronteraient. Mais ces slashers hérités des années 1980étaient en train de se démoder et ne faisaient plus guère de recettes trèsspectaculaires. Qui plus est, les scénarios proposés pour cette rencontre n'ont pasété jugés satisfaisants. Les succès de Scream (1996) et de ses imitations (Souviens-toi...l'été dernier (1997) de Jim Gillepsie...) entraînèrent un retour à la mode de cegenre : le tueur Michael Myers (créé par John Carpenter dans son Halloween(1978) et mis à la retraite depuis Halloween 6 (1995)) a profité de cescirconstances favorables pour faire un retour sur les écrans avec Halloween, 20 ansaprès (1998) de Steve Miner, qui rencontre un succès très confortable. Renonçantmomentanément à faire s'affronter Jason et Freddy dans un film, la New Line et Sean S.Cunningham mettent sur pied ce Jason X. Il est réalisé par James Isaac,auparavant spécialisé dans les effets spéciaux (Gremlins (1984) de Joe Dante,La mouche (1986) et Le festin nu (1991) de David Cronenberg...), notammentsur des films produits par Sean S. Cunnigham : House II : la deuxième histoire(1987) d'Ethan Wiley, M.A.L, Mutant Aquatique en Liberté (1989)... Il travailleen tant que réalisateur pour la première fois sur Horror show (1989), produitpar Cunningham, dont la réalisation avait été commencée par le néo-zélandais DavidBlyth (Death warmed up (1985)...), rapidement renvoyé du tournage et remplacépar James Isaac ; ce dernier devra toutefois attendre Jason X pour diriger ànouveau un film. Comme souvent dans cette série, le casting est composé de jeunescomédiens ou d'acteurs qui sont loin d'être des stars : ainsi, aux côtés de KaneHodder (qui reprend pour la quatrième fois consécutive le rôle de Jason), JonathanPotts (Résurrection (1999) de Russel Mulcahy...) et Peter Mensah (qui fait detrès courtes apparitions dans L'élue (2000) de Chuck Russel et Bruiser(2000) de George A. Romero), on trouve avant tout des comédiens venant de latélévision. Toutefois, on note la courte apparition du réalisateur David Cronenberg (Vidéodrome(1983), La mouche...), qu'on avait déjà vu faire l'acteur dans Cabal(1989) de Clive Barker, Résurrection...
Jason X ne masque pas alors sa parenté très claire avec Alien (1979)de Ridley Scott. Dès la découverte de Jason congelé, on pense d'ailleurs déjà trèsnettement à ce classique de la science-fiction horrifique, notamment au cours du trajetsur la planète désolée, entre la base abandonnée et la navette. Surtout, on assiste àun très classique huis-clos dans un vaisseau spatial, au cours duquel les voyageurs sefont décimer un à un par un monstre impitoyable, se terrant dans de sombres coursives.Les emprunts à Aliens (1986) de James Cameron sont aussi assez flagrants,notamment avec les soldats arrogants et lourdement armés qui vont traquer Jason dans lessoutes du vaisseau, avant de devenir eux-mêmes les proies de ce personnage terrifiant etindestructible.
Toutefois, en fin de compte, c'est tout de même l'"esprit Vendredi 13"qui va dominer l'ensemble. Les personnages sont pour la plus grande part fades et idiots,et les rôles vont se répartir de façon toujours aussi schématique (le rigolo, lasalope...). La réalisation est d'une grande platitude, et les tentatives de créer desmoments de suspens se soldent généralement par des longueurs durant lesquelles despersonnages sans intérêt arpentent lentement des couloirs sur un fond sonore de"Kill kill kill..., ah, ah, ah" chuchotés. A tout cela s'ajoute un manque demoyens financiers assez flagrant (décor, mouvements de caméras...), une interprétationuniformément désastreuse et une photographie froide et banale qui achèvent de faire dece Jason X un produit très quelconque, bien peu captivant, bref dans la pluspure lignée des Vendredi 13 !
Comme souvent dans ces films, c'est dans la dernière demi-heure qu'on trouvera leséléments les plus réussis du métrage. On signale ainsi une bagarre très physiqueentre une androïde guerrière et un Jason assez décontenancé de rencontrer unerésistance aussi énergique ! Plus loin, Jason se retrouve propulsé, par le biais d'unesimulation virtuelle, au bord du Crystal Lake des années 1980, ce qui donne lieu à unpassage parodique un peu trop concerté pour être honnête (on pense à Scream...),mais néanmoins amusant. On va aussi voir Jason se faire "améliorer" en unUber-Jason cybernétique, qui n'apparaîtra qu'assez tard dans le film, et ne se montrera,en fin de compte, qu'assez peu actif.
Jason X reste en fait très proche des précédents Vendredi 13, endépit de son déplacement spatial et temporel. Les bois entourant Crystal Lake sontremplacés par les couloirs d'un vaisseau spatial, mais les principes restent les mêmes :dès lors, tant mieux pour les fans et tant pis pour les autres ! Néanmoins, dans cettesérie, Jason X se situe plutôt dans le peloton de tête, notamment grâce àcertains passages de son final et à quelques meurtres plus sanglants et réussis qued'habitude. D'ailleurs notons au passage que la version du film sortie au cinéma aux USAa été adoucie par des petites coupures afin d'y obtenir une classification"R". En France, c'est bien le montage complet qui a été présenté en salles.Aux États-Unis, au vu de son modeste budget de 13 millions de dollars, Jason X s'estrévélé à peine rentable lors de son exploitation au cinéma, ce qui a tout de mêmeété une petite déception pour New Line.
Bibliographie consultée :